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Langue
Arabe
Theme
Civilisation
Fichier Joints

DOI : http://10.71549/ru.i18.248

Résumé

Certes, le discours mystique dans son intense aspiration à la spiritualité a toujours négligé le corps. Il
n’a jamais cessé de condamner les plaisirs charnels et plus particulièrement le plaisir sexuel. D’où, une
attitude négative, pour ne pas dire misogyne, à l’égard de la femme ; symbole d'impureté, voire de sédition.
Il va sans dire que dans ce contexte, le mysticisme musulman (le soufisme) ne fait pas l’exception.
Cependant une lecture attentive de certains textes écrits par de grands soufis, nous invite à nuancer cette
« vérité » ou du moins à la relativiser. En effet, s’appuyant sur la primauté du principe de l’Amour divin et
par conséquent de l’Amour de DIEU, certains mystiques musulmans, Ibn ʿArabī (1165-1240) parmi tant
d’autres, n’ont pas hésité à vénérer le corps féminin. Al-Ghazālī (1058-1111) célèbre théologien sunnite et
soufi à sa manière, compare le moment orgasmique que procure le mariage (littéralement le «Nikah'») à un
avant-gout du plaisir que le bon DIEU promet aux croyants avec leurs épouses au paradis. Evidemment, ce
genre de propos doit être lu dans son contexte historique approprié voire épistémologique, pour ne pas
aller trop vite en besogne et taxer l’Islam en général, comme le font certains orientalistes, de verser dans le
sensualisme. En conclusion, nous pouvons dire que l’expérience mystique a quelque part réussi à
réhabiliter le statut de la femme en tant qu’être humain digne de tout respect, parce que sans elle, disent les
soufis, l’union de l’âme humaine à Dieu serait vraisemblablement impossible. Vu par l’oeil du coeur surtout,
le corps féminin s’avère la quintessence même de la beauté cosmique et un signe de la présence divine, ce
qui ne manque pas de le hisser au niveau de la sacralité.