Le Déluge de Poussin et la Vie de Rancé: modèle et parcours d'une âme entre ombre et lumière
C'est en 1844, deux ans après la fin de la rédaction des Mémoires d'outre-tombe, que Chateaubriand publie la Vie de Rancé, une œuvre de pénitence commandée par son confesseur l'abbé Séguin. Dans l'idée de l'homme d'Eglise, cet ouvrage devait apporter lumière et espérance aux lecteurs chrétiens perdus dans le tumulte et les remous de l'Histoire, d'une Histoire qui avait définitivement détruit l'ancien monde. Le résultat de ce travail, pour lequel Chateaubriand « éprouvait une répugnance naturelle »2, ne satisfit pas le parti catholique ; l'auteur dut même sortir, deux mois après, une seconde édition expurgée de toutes les grivoiseries coupables de la première. Force est de constater que Chateaubriand et l'abbé Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé appartiennent à deux classes d'hommes très différents. D'un côté, l'esthète brillant et l'artiste éclatant; de l'autre, l'ascète sombre et l'humble refondateur de la Trappe.