Les rapports de Sfax avec le Sud tunisien : quelques éléments de réflexion
Longtemps considérée comme «< capitale du Sud », la ville de Sfax a perdu, au cours des trois dernières décennies, beaucoup de son emprise sur les régions méridionales. Ceci tient à plusieurs causes: l'atonie de l'économie sfaxienne, l'émigration à Tunis de nombreux entrepreneurs, la dynamique économique récente du Sud notamment l'essor de nouvelles activités échappant au contrôle de Sfax et la décentralisation des services publics qui a contribué au rétrécissement de l'aire d'attraction de Sfax. Ce constat est corroboré par l'évolution des échanges migratoires. En effet, le Sud, a cessé d'être le principal bassin migratoire de Sfax dont l'attraction s'exerce désormais davantage sur les populations du Centre Ouest, surtout celles du gouvernorat de Sidi Bouzid, alors que le Sud demeure fortement polarisé par Tunis. L'étude des rapports de Sfax avec le Sud renvoie -inéluctablement- à une problématique plus générale, celle de la régionalisation et l'aménagement du territoire en Tunisie. L'analyse des différents schémas nationaux d'aménagement du territoire montre que la ville de Sfax est constamment ballottée entre le Centre et le Sud. Même si le dernier schéma national d'aménagement du territoire propose d'élever Sfax au rang de métropole du Sud, ses recommandations ont peu de chance d'être concrétisées, sans une véritable décentralisation des pouvoirs, qui ne semble pas actuellement être à l'ordre du jour. Dans ces conditions, Sfax, pas plus que les villes du Sud, ne peuvent aspirer à devenir des métropoles du Sud.