Poétique de la rencontre l'exemple de Noces d'Albert Camus
Etudier la poétique de la rencontre dans Noces, c'est évoquer ce condensé d'expériences du présent, réduites à leur immédiateté. Ce chant personnel, loin d'être un «péché de jeunesse » (Camus, en 1937, n'a que vingt- quatre ans) sera érigé en portique de son œuvre. Cette intuition précoce intervient après L'Envers et l'endroit qui raconte, non sans tristesse, le monde des quartiers pauvres, la solitude et la vieillesse. En 1959, Camus confiait à J.C. Brisville: << Après L'Envers et l'endroit, j'ai douté. J'ai voulu renoncer. Et puis une force de vie éclatante a voulu s'exprimer en moi : j'ai écrit Noces »'. Le sentiment d'absurdité profonde de la vie est «l'envers » des Noces qui célèbre cette fusion de l'homme et de la nature. Des sensations plurielles, nées de cette rencontre, balançant entre deux pôles apparemment contradictoires, celui de la chair et de l'esprit, sont fixées par une écriture lyrique, favorisée par le genre de l'essai, permettant la fusion entre la philosophie, qui est recherche de vérité et de lucidité et la poésie, travail sur les sonorités et les rythmes de la langue.